Pourquoi je suis devenue végane

Devenir végane en mars 2012 après sept années de végétarisme, voilà certainement l’une des meilleures décisions de toute ma vie ! Je ne dis pas cela pour coller à une mode quelconque, je déteste les modes, elles nous privent de notre liberté de créer notre vie telle que nous l’imaginions.
Je ne dis pas cela pour vous convaincre de quoique ce soit, je sais bien qu’on ne peut convaincre personne même en y mettant la plus grande ardeur, on peut seulement partager ses connaissances et son expérience en espérant qu’elles soient sources d’inspiration pour autrui.
Je ne dis pas cela pour me valoriser, j’ai trop conscience du mal que j’ai fait sans le vouloir durant tant d’années pour que le changement qui s’est opéré en moi soit source de fierté ; et c’est avec la plus grande humilité que je demande Pardon à nos frères et soeurs terriens qui ont pâti de mon égoïsme.
Je ne dis pas cela non plus pour vous faire la morale, parce que justement je n’ai aucune raison de me sentir supérieure à vous ni à quiconque.
Non, je dis cela parce que je le ressens au plus profond de moi, comme une douce et puissante évidence : Devenir végane est l’une des meilleures décisions que j’ai prise de toute ma vie !

Autant il m’est difficile de situer distinctement mon passage au végétarisme et de me souvenir de mon état d’esprit à cette époque, autant je me souviens parfaitement du bouleversement psychologique qui a motivé mon passage au véganisme. Je ne remercierai jamais assez l’association L214 pour leur travail extraordinaire car les vidéos qu’ils ont tournées dans les élevages m’ont véritablement ouvert les yeux sur l’horreur de l’exploitation animale. J’ai décidé du jour au lendemain d’éliminer tout produit d’origine animale de mes menus mais aussi d’éviter autant que possible, par mes actes quotidiens, de faire souffrir inutilement nos frères et sœurs terriens.

 Je ne peux vous décrire ce qui s’est passé dans mon cœur à ce moment-là, mais si je devais le faire, je dirais qu’il s’est allégé et agrandi en même temps. Comme si une lourde chape de culpabilité s’était tout-à-coup envolée. Une culpabilité dont je n’avais jamais eu conscience bien qu’elle se soit un jour révélée à travers un terrible cauchemar. Je me trouvais à l’intérieur d’un lieu sordide, au milieu de corps dépecés, sanguinolents, mutilés, pendus à des crochets la tête en bas, si tant est qu’elle fût encore attachée au reste du cadavre. Ces masses de chair informes passaient à côté de moi, lentement, et je sentais presque la vie palpiter encore en elles. Rien d’extraordinaire me direz-vous, je me trouvais tout simplement dans un abattoir… Rien d’extraordinaire, si ce n’est que j’étais entourée d’humains et non de vaches ou de cochons, et que j’allais certainement être massacrée à mon tour pour servir de repas à je ne sais quel monstre ; le bourreau était sans visage. Prise de panique, je me suis réveillée, un seul mot raisonnait dans ma tête et ne m’a plus lâchée depuis, « POURQUOI ? »

A l’époque de ce cauchemar, j’étais déjà passé au végétarisme mais j’imagine qu’il était encore fragile et cette leçon d’empathie a achevé de me convaincre que mes actes se devaient d’être en cohérence avec le besoin de justice que j’éprouvais à l’égard de tous les êtres.

Le jour où je suis devenue végane, j’ai regardé un de mes chiens dans les yeux et j’ai senti qu’à présent j’étais en paix avec ceux que nous appelons les « animaux ». Nous utilisons le mot « Animaux » pour désigner les êtres sensibles que nous exploitons et massacrons, comme si nous n’en étions pas nous-mêmes, comme pour nous différencier de ceux qui, comme nous, habitent cette Terre, ceux qui, comme nous, ressentent des émotions, ceux qui, comme nous, désirent simplement vivre libres et heureux.

Je me suis demandé de quel droit, pendant toutes ces années, j’avais volé des vies, détruit des familles, et surtout fait tout cela dans la plus complète indifférence. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours essayé d’être droite et honnête, je pensais faire de mon mieux pour faire le bien autour de moi et brutalement, je me prenais en pleine face tout le mal que j’avais fait à ceux qui pourtant ne méritaient que d’être aimés ou tout du moins respectés.

Certes j’étais dans l’ignorance de la plupart des pratiques en cours dans l’élevage qu’il soit intensif ou non, mais malgré tout, il était plus qu’évident que la chair qui se trouvait dans mon assiette venait bien de quelque part. N’étais-je pas assez éduquée pour comprendre qu’il fallait que quelqu’un ait été tué pour que mon appétit soit assouvi. Et je ne peux pas dire qu’en ce qui concerne la viande et le poisson, il ait été modéré. J’étais une « viandarde » comme on dit. Et pourtant, il m’a été assez facile d’éliminer la chair animale de mes menus même si le goût ne m’écoeurait point à l’époque, bien au contraire. Cela s’est fait malgré tout progressivement. Le poisson fût le dernier à quitter mon assiette. Il est bien connu que notre empathie va d’abord aux êtres qui nous ressemblent le plus et côté natation, je tenais plus de la planche à pain que de la sirène. Sérieusement, il est vrai que j’étais moins consciente de la douleur subie par les poissons que de celle endurée par des êtres aux attributs plus proches de l’humain.

Végétarienne, j’avais simplement éliminé la viande, puis le poisson de mes repas, les avais remplacés par des oeufs et du fromage, certainement pas la meilleure idée qu’il soit, mais manquant d’informations, je pensais que la mort m’attendait au tournant si je boudais ces protéines. A l’époque, on trouvait peu de produits à base de soja, seitan, tempeh, ou lupin par exemple. J’avais bien essayé le tofu, mais ne sachant pas qu’il fallait le cuisiner un minimum, j’avais trouvé cela insipide, comme la plupart des gens, et n’ai renouvelé l’expérience que des années plus tard, cette fois-ci avec succès. Heureusement, de nos jours, on peut facilement trouver des produits végétaliens y compris dans les grandes surfaces même si, personnellement, je préfère faire mes courses dans mon petit magasin bio

Devenir végane, ce n’est pas simplement adopter un nouveau mode alimentaire, c’est toute notre vie qui s’en trouve chamboulée. Après ma prise de conscience initiée par L214, j’ai ressenti un besoin viscéral de me rendre utile, peut-être était-ce une façon de vouloir « réparer » le mal que j’avais fait. Ce changement est intervenu à un moment de ma vie où j’avais l’impression que mes projets artistiques étaient vides de sens, inutiles dans une société en grande souffrance qui ne tirait aucun avantage de mes petites compositions musicales ou d’un énième portrait à l’huile. J’avais commencé à écrire des chansons, sur la violence faite aux femmes par exemple et vendu des peintures au profit d’orphelinats mais ce sentiment d’impuissance ne me laissait jamais en paix.

Alors quand j’ai réalisé l’ampleur de cette horrible injustice, invisible quoi qu’étalée sous nos yeux dans les rayons des supermarchés, j’ai senti que j’avais trouvé une raison de me lever le matin, une raison de peindre et d’écrire des chansons. Il n’y a pas un jour depuis où je ne me réveille le matin sans me demander quelle modeste contribution je pourrais apporter à la cause animale.

D’autre part, je me suis rendue compte que les enfants ne bénéficiaient que de peu d’informations sur ce que subissent les animaux, ou d’une information inadaptée à leur jeûne âge.  Ayant travaillé dans le domaine ludo-éducatif, j’ai créé le site Veganimo dont le contenu (fiches, comptines, vidéos…) est à la disposition de toutes les personnes désireuses de sensibiliser les enfants tout en douceur. J’ai également écrit le livre « Pouiki le petit cochon » qui a été à l’origine de belles rencontres avec les enfants.

Depuis 2012, la vente de t-shirts illustrés par mes soins m’a permis de soutenir différentes associations et depuis un an, je crée des sacs et portefeuilles en liège pour offrir une alternative éthique au cuir (voir ma boutique)

Il y a bien sûr d’autres façons de s’engager pour les animaux. Je pourrais vous parler des actions de sensibilisation, des manifestations et des sauvetages si vous le désirez, d’ailleurs n’hésitez pas à me le demander en commentaire. J’ai été référente L214 et ambassadrice Vegoresto pendant quelques années et je me produis en concert pour les associations. Depuis 2014, je m’occupe de sauvetages de poules et avec des amies nous avons créé plusieurs groupes sur Facebook.

Cet article inaugure une partie de mon blog dédié au véganisme. Si vous m’avez lue jusque là, tout d’abord je vous en suis très reconnaissante et j’espère que vous aurez envie d’en savoir plus. N’hésitez pas à poster des commentaires et à poser des questions si le coeur vous en dit, je serai ravie d’échanger avec vous quelle que soit votre opinion sur le sujet.

Cet article a 2 commentaires

  1. Lenoir

    Merci pour ce beau texte sincère. J’ai reçu le t-shirt aujourd’hui. Je vais en commander un autre je pense.

    1. StephanieValentin

      Merci à vous, je suis heureuse que le texte vous ait plu 🙂 J’ai bien reçu la commande, je l’imprime de suite, elle partira demain 😉 Je vous souhaite un beau dimanche

Laisser un commentaire